Les quatre zones d’intervention du projet de renforcement de la résilience et de la capacité d’adaptation des femmes et des enfants au changement climatique en RDC, bénéficient chacune d’une pharmacie vétérinaire dite communautaire. Elle est communautaire car sa gestion est assurée par l’ensemble de ménages bénéficiaires du projet dans la zone, à travers un comité dont les membres proviennent de chaque village.

L’installation des pharmacies vétérinaires fait suite à l’octroi, par le projet, d’un capital constitué de chèvres à élever en métayage et de coqs de race améliorée pour renforcer les races locales comme activités alternatives à l’agriculture. Le but de ces pharmacies est d’accompagner les bénéficiaires pour l’accroissement du nombre de leur bétail en réduisant le taux de mortalité de bêtes. Ces pharmacies constituent également une activité génératrice de revenus car les produits et vaccins sont à vendre. Bien gérée, cette pharmacie génère des fonds qui permettent le renouvellement du stock à chaque fois qu’il y a nécessité.

Pour la durabilité de cette activité, les comités de gestion bénéficient d’un encadrement de la Direction provinciale de Production et Santé Animales (DPSA). C’est un service public qui a, dans ses prérogatives, l’accompagnement des communautés dans leur activité d’élevage, particulièrement par des conseils et soins vétérinaires. Dans trois provinces, notamment le Haut-Katanga, Kongo central et Lomami, DPSA a cédé ses locaux pour l’installation desdites pharmacies et participe à leur gestion au quotidien.  C’est seulement dans la province du Kwilu que la pharmacie est installée dans les locaux de l’INERA KIYAKA, comme cela avait été décidé par le Comité Provincial de Pilotage, à cause de sa proximité aux villages pilotes.


Dans le lot de produits qu’on trouve dans ces pharmacies vétérinaires communautaires, il y a des fortifiants, des antibiotiques, des

                                  Pharmacie vétérinaire       communautaire/DPSA/Haut-Katanga

vermifuges, des vaccins, des insecticides et certains matériels utiles aux éleveurs tels que la pince à castrer. Vu que tous les paysans éleveurs n’ont pas toujours la possibilité d’acheter les produits en gros, et qu’il y a nécessité d’écouler et renouveler les stocks, quelques produits sont vendus en détail. Les vendeurs utilisent la seringue graduée en cc pour vendre les quantités dont les fermiers et autres vétérinaires ont réellement besoin pour le traitement de leurs bêtes, comme le témoigne Docteur Léonard Ntunuanga, Vétérinaire provincial du Kongo central : « nous avons, par exemple, des acaricides dont le litre revient à 55 $, que nous conditionnons dans des anciens flacons ; et on vend 20 cc à 4000 Francs Congolais et 10 cc à 2000 Francs ».

L’installation des pharmacies vétérinaires communautaires ainsi que leur mécanisme de gestion mis en place, ont rapproché les communautés de cette structure étatique, longtemps méconnue des paysans. A ce jour, les bénéficiaires ont la possibilité de contacter directement les médecins vétérinaires pour intervention dans leurs villages lorsqu’ils observent des symptômes de maladies au sein de leurs cheptels, sans avoir à attendre une quelconque campagne au niveau provincial.


Pour exemple, le village Kinke, situé à 35 km de la ville de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, a fait appel au Médecin vétérinaire en date du 15 mars 2019 pour le traitement de la gale qui a affecté son troupeau de chèvres. Ceci, pour éviter le risque de contamination de tout le cheptel, composé de plus de 60 chèvres, du fait de l’élevage en stabulation qu’ils pratiquent.

Traitement de chèvres au village  Kinke/Haut-Katanga

 Le médecin a été saisi par téléphone et a ramené avec lui les produits pharmaceutiques nécessaires pour le traitement de la gale. « J’administre le vomec, les vitamines et les antibiotiques par injection ; puis  je leur donne  un bain avec la garicine, confie Docteur Samy, Médecin vétérinaire basé dans la ville de Lubumbashi.  En venant au village, Docteur Samy dit ne remplir que son devoir et n’exige rien des communautés. « Je suis un agent de l’Etat; on m’achète le carburant et moi je viens soigner les animaux avec ma moto;  après avoir soigné, je laisse une facture pour pouvoir renouveler les produits dans la pharmacie ».

 Avec ce suivi rapproché de bétails des communautés paysannes, toutes les parties sont gagnantes : l’augmentation de revenus des ménages est assurée car le nombre de bêtes ne cesse de croître ; il y a écoulement et renouvellement réguliers de stocks des produits pharmaceutiques ;  la relation entre DPSA et ménages est désormais améliorée.


PANA