PANA-Zone côtière et Adaptation des communautés de Muanda à l’érosion côtière

Contexte

La zone côtière de la République Démocratique du Congo (RDC), avec une côte d'environ 40 km, fait face à l'érosion côtière due à un effet combiné de la topographie, de la nature sableuse du sol et de la dynamique océanique (hauteur et direction de la houle, hauteur des marées, vitesse des courants, tempêtes, etc.). De ce fait, la terre, la biodiversité, les infrastructures socioéconomiques et les moyens de subsistance des communautés sont sérieusement affectés par l'érosion côtière.

La zone côtière congolaise est définie dans le profil côtier de la RDC comme étant l’aire comprise entre les eaux marines congolaises sur l’Atlantique et le port international de Matadi en amont de l’estuaire du fleuve Congo.  Administrativement, la zone côtière couvre tout le Bas- fleuve. Elle est limitée au Nord-Ouest par la province Angolaise de Cabinda, au Nord-Est par le district des Cataractes et au Sud-Ouest par l'Angola.

Elle comporte une importante mangrove érigée en Parc Marin des Mangroves jusqu’à sa frontière nord avec la province angolaise de Cabinda (Angola). Cette région occidentale de la zone côtière occupe environ 110.000 hectares.

Importance de la Zone Côtière en RDC 

  • Ressources en eaux: le Fleuve Congo, l’Océan Atlantique, les Rivières, Cours d’eau (rivière Lukunga, Luidi, Tonde et Kubinamin) ; les Rapides d’Inga; 
  • Ressources biologiques: la reserve de biosphère de luki, le parc marin de la mangrove (66.000 ha); 
  • Resources minérales: Pétrole et gaz naturel, l’or et les matériaux de construction (sable asphaltique, caillasse, galets et graviers, argile, céramique, calcaire), quartzite, bauxite, mercure, phosphates, évaporites, or, diamant, et, probablement, bien d’autres (l’absence des statistiques ne permet pas de disposer des données chiffrées); 
  • Ressources  énergétiques: l’hydroélectricité avec le grand INGA dont l’exploitation devrait alimenter toute l’Afrique, le Moyen-Orient et le Sud de l’Europe, l’énergie solaire, la biomasse, le vent et la marée motrice; 
  • Faune terrestre: mollusques, crustacés; 
  • Faune aquatique marine et des mangroves:                                                                                                                  - Le lamantin

    - Les mammifères aquatiques et marins : l’hippopotame, Les espèces de baleine, Les espèces de dauphin

    - Les reptilesles tortures marines

    - Les Palmipèdes : oiseaux marins

    - Les mollusques Les huîtres du genre Ostrea, Crassostrea et Pycnodonta

    -  Les crevettes : crevette grise (Crangon crangon) Les crustacés

    -  Les crabs

    -  Les langoustes (Palinurus sp.)

    -  Les poissons

    -  Le Gouâtre (Periophatalmus papilio) : c’est une espèce qui colonise la mangrove

    - Le requin marteau (Sypharna lewini)

    - Requin blanc (Carcharodon carcharias)

    -  Requin baleine (Rhincodon typus)

    -  Soles 

  • Les espèces végétales menacées (ligneux) : Au niveau terrestre, les bois d’œuvre tels que le limba, okumé, wenge, sont très exploitées pour lexportation des grumes (sans valeur ajoutée); 
  • Industries : la zone côtière abrite quelques industries essentiellement localisées à Matadi (avec 46 entreprises du secteur tertiaire et 8 agro-alimentaires), Boma (avec 49 entreprises du secteur tertiaire, 12 entreprises primaires et agro-alimentaires), Moanda (avec 3 entreprises pétrolières);
  • Infrastructures portuaires:                                                                                                                     -  Port de Matadi: Il est le plus important avec 1720 m de longueur et 10 quais capables de recevoir simultanément 10 navires de gros tonnages. Sa capacité est 3500 000 tonnes par an;                                                                                                                                                            -Port de Boma: Il est le 2ème port congolais par son importance;                                                                                                                                                -Port (en eau profonde) de Banana: en construction;                                                                       -  Tourisme La zone côtière offre dimmenses potentialités touristiques et écotouristiques : plages de Moanda, rapides et collines dInga/ Matadi, la mangrove/ estuaire et bief maritime, réserve de la Luki, possibilités de pêche et de chasse de loisir.
  • La population de la zone côtière est évaluée à : 1.300.000 habitants. Les villes de Moanda et de Banana sont les deux agglomérations importantes le long de la côte atlantique, où on trouve une population estimée à 60.000 habitants. (MECN-EF, 2001). 
  • Une grande partie de la population de cette zone côtière est concentrée dans la cité de Moanda (soit 57.708 habitants en 1994) alors que la population rurale est moins dense avec 10 habit/km².

Problématique de la Zone Côtière en RDC

 

  Erosion : causée par la vitesse de déferlement des vagues sur la côte, l’occupation anarchique des espaces côtiers, la déforestation et dénudation des sols.

Impacts : Perte d’importantes superficies des terres continentales, perte de la biodiversité côtière, menaces sur les infrastructures de base (maisons d’habitation, routes, établissements, hôteliers), l’avancée  de l’Océan Atlantique,  perte de vies humaines ;

  Pollution de l’eau et des sols : causée par la multiplication des nombres de puits

d’extraction du pétrole au large de la mer, le déversement parfois accidentel des bruts lors de l’exploitation du pétrole, le rejet de produits pétroliers dans la baie de Banana,  le débarquement des produits pétroliers venant de l’Angola au Yacht par les commerçants et fuite des produits dans l’eau et par terre, les torchères brûlant 24h/24h sur mer et sur terre, le rejet et dépôts des ordures le long de la mer, des débris végétaux charriés par les eaux du fleuve dans l’estuaire.

Impacts : Contamination des éléments de la biodiversité (produits halieutiques) par les métaux lourds ; Contamination du sol et des nappes phréatiques ; Diminution et perte de  la productivité de certains arbres fruitiers (Anacardiers, cocotiers, manguiers, citronniers) et jaunissement des cocotiers ; Occurrence des maladies respiratoires, contamination des sédiments et des nappes phréatiques, Défiguration des plages.

  Destruction du Parc marin des Mangroves : causée par la déforestation de la mangrove due à la forte demande en bois énergie, les connaissances insuffisantes sur les ressources de l’écosystème par les communautés locales, la forte demande urbaine en énergie bois (Makala et bois de chauffage), la faible couverture de la ville en courant électrique, le Chômage caractérisé, etc.

Impacts : Perte des habitats pour certaines espèces de l’espace côtier ; Perte des habitats des espèces et dégradation des mangroves.

  Inondation, montée du niveau de l’Océan, vagues et marées intenses : causées par la Topographie des différents secteurs, les crues du fleuve Congo, le courant marin de Benguela sur la littoral, le manque de caniveaux d’évacuation et de canalisation des eaux de pluie.

Impacts : Destruction des unités de production et des cultures ; intrusion saline dans les mangroves et dans les eaux souterraines ; menace sur les infrastructures routières ; apparition des maladies d’origines Hydriques.

 Diminution des stocks halieutiques surtout les poissons : causée par une pêche annuelle sans repos avec des filets de petites mailles pourvus de poches (Lifuma dans le fleuve et Nkiti ou senne de plage dans l’océan).

Impacts : Plus de capture des poissons de 5 kg ;  restriction de la zone de pêche côtière congolaise ;  tracasserie des pêcheurs artisanaux ; destruction des filets des pêcheurs.

  Niveau de pauvreté absolue très élevé des populations (pauvreté absolue de plus de 95% de la population vivant avec moins d’1 USD par jour) qui affecte dangereusement les ressources par une exploitation irrationnelle de survie essentiellement basée vers la cueillette.

Impacts : Déstabilisation du système de gestion du parc de mangroves, de la réserve de biosphère de Luki et de la zone côtière tout entière, rendant de ce fait l’Etat impuissant face aux multiples forces négatives qui continuent d’exploiter illicitement les ressources naturelles de la R.D.C. en général et de la zone côtière en particulier.

 

Présentation du projet

 

Compte tenu de l'importance économique significative de cette zone, une réponse globale et efficace en lien avec l'exécution du Programme d'Action National pour l'Adaptation du pays aux changements climatiques (PANA) a été jugée nécessaire en vue d'assurer la résilience socio-économique et le bien-être des communautés vulnérables.

Ainsi, le projet de « Renforcement de la résilience des communautés de Muanda à l’érosion côtière en République Démocratique du Congo » ou PANA-Zone côtière entend contribuer à renforcer la réponse locale aux risques d'érosion et d'inondation par l'utilisation et la promotion des technologies d'adaptation dans la zone côtière.

C’est un projet d’adaptation à base communautaire, mis en œuvre  de 2015 à 2020 dans la Province du Kongo Central, plus précisément dans le Territoire de Muanda, au niveau du littoral congolais. 15% (10 000 personnes) de la population dans les sites cibles (Cité de Muanda, Banana, et Nsiamfumu) sont couverts par des mesures de gestion des risques tels que le Système d'Alerte Précoce, les infrastructures côtières, les moyens de subsistance alternatifs, et la planification de l'adaptation et le système de budgétisation à long terme par le projet Pana Zone-Côtière, sur 67.000 personnes gravement affectées par l'érosion côtière dans le territoire de Muanda.

Objectif du projet : améliorer la résilience des communautés de Moanda face au changement climatique.

Résultats produits 

1.       Les acteurs politiques au niveau local, territoriale provincial et national prennent en compte l’information sur les risques climatiques liés à l’érosion côtière et intègrent son budget  dans les différents plans de développement ;

2.       Des mesures urgentes d’adaptation et de protection de la zone côtière avec la mise en place d’un  Système d’Alerte Précoce à base communautaire et le développement des activités génératrices des revenus (AGR) alternatives à la Pêche sont développés.

Les stratégies adéquates

a.       La sensibilisation des autorités provinciales et locales pour la prise en compte de la question de l’érosion côtière dans la budgétisation provinciale et territoriale ;

b.      La  sensibilisation des communautés à l’adoption des comportements responsables face à l’érosion côtière ;

c.       La mise en place d’un  Système d’Alerte Précoce à base communautaire avec l’installation d’un marégraphe sur le fleuve au niveau de Banana et de la Bouée Alizée dans l’océan Atlantique à Muanda ;

d.      Le développement de mesures urgentes d’adaptation et de protection de la zone côtière (construction d’un mur de soutènement de plus d’un kilomètre et demie (protection par gabionnage) le long de la côte au niveau du village Nsiamfumu, revégélalisation des falaises entre Muanda village et Nsiamfumu, construction d’un quai d’accostage et d’un marché moderne pour les pêcheurs à Nsiamfumu ; et

e.       Le développement des Activités Génératrices des revenus alternatives à la Pêche : pisciculture, petit élevage de caprins et de la volaille, maraîchage et construction d’un centre de séchage et transformation des produits de la pêche.

Montage financier (Montant et Sources de financement)

Ressources totales nécessaires : 21.855.000 USD

Ressources allouées au projet: 

  • FEM/GEF (Cash) : 5.355.000 USD
  • Gouvernement (Nature) : 1.000.000 USD
  • Gouvernement (Allocation) : 8.000.000 USD
  • Secteur Privé/Allocation: 5.000.000 USD 
  • PNUD/cash : 400.000 USD 
  • PNUD/Parallèle : 2.100.000 USD

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